En mars 2008, le PS a conforté ses positions dans le Département de l'Isère. Ce résultat repose sur plusieurs facteurs : l'impopularité de l'UMP sur le plan national, les divisions de la droite locale mais aussi, voire surtout, une nouvelle technique de campagne électorale reposant sur la négation du temps électoral.
Techniquement, au cours des 20 dernières années, dans l'agglomération Grenobloise, trois innovations de conduites de campagnes électorales sont intervenues.
La première innovation date de la campagne d'Alain Carignon aux municipales de Grenoble en mars 1983. Il change les techniques habituelles de communication publique et conduit la première campagne de marketing politique avec des techniques modernes proches de la communication commerciale classique. Le PS local attribuera longtemps sa défaite à ce choix novateur au point que Louis Mermaz va conduire en 1985 une campagne intitulée "l'Isère en tête" qui reprend la quasi-totalité des moyens mis en oeuvre par Alain Carignon ... deux ans plus tôt.
La seconde innovation réelle date d'octobre 1988 avec la campagne départementale conduite par Alain Carignon donnant naissance à la "nouvelle gauche". L'ambiance politique est alors particulière avec la poussée du Front National lors d'une partielle à Villeurbanne. Alain Carignon, comme Président du Conseil Général, modifie les frontières politiques classiques et intègre une composante de "nouvelle gauche" composée d'Haroun Tazieff et notamment de MM Cardin, Berthier, Puissat, Arvin-Berod ... Le paysage politique isèrois a bougé ; ce qui est rare. Il faudra attendre mars 2008 pour qu'il rebouge avec l'intégration du Modem dans la majorité municipale de Michel Destot mais aussi avec l'arrivée d'une composante socio-professionnelle forte et significative.
La troisième innovation est celle de la campagne de mars 2008 à l'occasion de laquelle André Vallini fait comme si le temps électoral n'existait pas. Les débats publics n'ont plus lieu ou si peu. Lors des réunions publiques, il se présente en gestionnaire consensuel annonçant les initiatives des semaines à venir comme si l'élection était sans impact sur le chemin de la majorité sortante. Il invente le "fatalisme électoral". Il n'y pas d'enthousiasme mais voter "autrement" devient inconcevable. C'est une logique nouvelle initiée lors des législatives de 2007 mais jamais poussée à ce point. C'est une technique très risquée car elle pouvait encourir le reproche d'une certaine "prétention" et les électeurs condamnent parfois ceux qui "veulent vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué". Mais là, cette technique a remarquablement fonctionné.
Chacune de ces techniques a constitué une rupture par rapport aux usages admis. Chacune de ces techniques a reposé sur un risque important : que la novation suscite un effet rejet. Dans les trois cas, les ruptures ont été non seulement acceptées par l'opinion mais fortement accompagnées par elle. Ce qui montre bien, contrairement à certaines appréciations, que l'opinion accepte de bouger pour aller sur des terrains nouveaux.
Note de l'équipe de rédaction : dans cet article comme dans d'autres passés et d'autres à venir, il est question d'Alain Carignon. Cette mention ne doit pas suciter des mails sulfureux anonymes qui ne seront pas publiés. Nier des réalités ou confondre des réalités relève pour nous de l'obscurantisme intellectuel. Comme nous sommes des esprits libres, il ne faut pas compter sur nous pour nous associer à cette forme d'obscurantisme et encore moins la cautionner. Par conséquent, que des internautes au sectarisme aiguisé et au "courage" replié derrière l'anonymat ne perdent pas leur temps une fois de plus en nous adressant des commentaires qui ne passeront pas car nous entendons que notre blog conserve le recul nécessaire. Ce commentaire vaut pour le nom d'Alain Carignon, celui d'André Vallini ou tant d'autres ...