ABC News et le Washington Post viennent de réaliser un sondage sur le bilan des 100 premiers jours de Barack Obama.
69 % d'approbation, 54 % des sondés avouent que le Président fait "mieux qu'ils ne l'attendaient" ... : tous les indicateurs sont au beau fixe.
Cette enquête montre, si besoin était, que l'impopularité n'est pas automatiquement la soeur jumelle de la crise contrairement à ce que l'actuel Gouvernement Français laisse entendre au moment où un nouveau scandale bancaire d'ampleur éclate grâce à l'investigation de la presse.
La Fondation Terra Nova a reçu dernièrement Howard Dean. Ce dernier, Chairman du Parti Démocrate lors de la présidentielle 2008, est revenu sur les caractéristiques de la dernière campagne présidentielle. Il a détaillé les incontournables du professionnalisme mais aussi les facteurs d'innovation. D'ailleurs, sur ce point, le rapport de Terra Nova est très instructif.
A trois jours du cap des 100 premiers jours, le Président Américain est toujours en état de grâce. Pour 48 % des Américains, il leur "donne de l'optimisme", c'est dire son rôle emblématique.
Il a apporté trois changements majeurs :
1) de la suspicion à la confiance : sous GW Bush, tout était menace. Aujourd'hui, tout paraît chance y compris le déblocage des relations avec l'Iran, ce qui montre l'ampleur du changement,
2) de l'amertume à la joie : de leader incompris comme seul "gendarme du monde" qui dot exposer en permanence ses muscles, les Etats-Unis dégagent la force de l'espoir par le respect de valeurs fondamentales.
3) de l'arrogance à la tolérance : le partenaire qui "encombrait" est devenu l'ami qui sait écouter.
Hier face à GW Bush, l'opinion internationale se disait "il va se fâcher". Aujourd'hui, face à Obama, elle se dit "il va me séduire" et pour le moment ça fonctionne à la perfection.
La sortie de l'actuelle crise marquera la naissance de nouvelles situations dans des cadres multiples. L'imprévoyance des Gouvernements incapables de prédire l'arrivée de la crise va modifier significativement leur autorité. Nous sommes entrés dans une logique permanente de démocratie directe. Sur le plan Américain, Moveon.org a été la première structure à poser les jalons d'une telle évolution. Le pouvoir n'est plus à l'élu mais au citoyen à la condition que ce dernier ait conscience de ce transfert.
En trois semaines, les salariés de Caterpillar viennent de sortir du "politiquement correct" à trois reprises.
1) Ils refusent d'aller à l'Elysée. C'est un précédent considérable qui montre leur refus d'être enjolés par les "ors de la République" : 1er comportement atypique.
2) Ils appliquent la démocratie directe et le compromis n'est pas validé par la base. L'autonomie individuelle a fait son chemin et les "intermédiaires" ne "tiennent" plus leurs mandants : 2ème comportement atypique.
3) Ils refusent le referendum dans les locaux de la République (la Préfecture). Ce nouveau refus montre ou traduit l'impact désormais nul de toute proprosition notabilaire : 3ème situation atypique.
L'autonomie individuelle a effectué des progrès considérables ces dernières années. Sur le plan politique, le scrutin de l'Ile de France au sein de l'UMP pour les régionales avec la victoire de Pécresse sur Karoutchi avait déjà traduit l'émancipation des militants sur les mots d'ordres de l'appareil. Sur le plan syndical, il en est de même.
Le pouvoir est revenu à chaque citoyen. C'est une indiscutable avancée que de telles décisions de démocratie directe loin d'un politiquement correct qui a montré toutes ses limites sauf celles de la tromperie dans le temps.
La France invente une nouvelle forme de "démocratie" : les scrutins sans campagne électorale. Ce climat a déjà marqué les dernières élections locales sur le plan national : pas de débat contradictoire, des échanges de projets réduits au strict minimum ... Le scrutin s'est déroulé dans une banalité apaisante comme s'il était naturel d'aller voter un dimanche matin après s'être rendu chez le boulanger pour prendre son pain.
Le scrutin Européen de juin marque une évolution nouvelle dans ce climat. L'Europe devrait être un sujet d'enthousiasme. A fortiori en période de crise, l'Europe devrait être le sujet de projets, le débat d'avenir. A moins de 60 jours du vote, il ne se passe rien. L'UMP n'a même pas bouclé ses listes. Comment faire campagne quand les candidats ne sont même pas connus ? Bien davantage, les fédérations se remettent de leurs échéances internes et l'Europe paraît bien éloignée après la forte énergie mobilisée pour le partage des responsabilités de proximité.
C'est un scrutin de plus sans campagne, sans débat donc sans projet. C'est une situation bien surprenante qu'un pays où la démocratie ennuie comme s'il n'y avait plus rien à en attendre.
Un contraste saisissant intervient actuellement entre le climat Français et celui d'autres pays. La crise économique contamine tout le débat public en dressant chaque composante du pays les unes contre les autres.
Le libéralisme avait mis des décennies à construire une nouvelle réputation laissant une place plus importante à l'humanisme, à des formes de justices sociales et en quelques semaines tout ce travail a été balayé.
La crise pouvait être combattue autrement avec davantage de justice sociale, davantage d'humanité, davantage d'exemplarité de la part des responsables publics. Rien n'empêchait ces derniers de montrer l'exemple en matière d'économies, en matière de partage des épreuves. Les élites politiques et économiques ont donné l'exemple du "sauve qui peut" dans des conditions en rien prédestinées par les tendances des dernières années.
Le climat politique ne tourne pas aux échanges de fond mais aux commentaires qui accompagnent de "fausses vraies déclarations" du Président de la République sur ses homologues. Les responsables politiques s'injurient à ce propos sur les nouvelles initiatives d'une ex-candidate à la présidentielle. C'est une situation assez pathétique face à l'ampleur des enjeux et surtout à la variété des solutions possibles.
Luc Chatel est un des Ministres les plus compétents de l'actuel Gouvernement. Il est sérieux et suit ses dossiers avec efficacité. Son constat sur la grande distribution dans la vidéo ci-dessous est sans appel. Mais dans les faits, rien ne change. Bien au contraire, le nouveau dispositif qui sort des poids réglementés est un nouvel avantage pour la grande distribution.
Ce décalage entre le plaidoyer virulent et l'impuissance dans les faits ouvre actuellement une vague inquiétante d'antiparlementarisme : absentéisme, cumul, inefficacité ...
Ce matin sur la première radio de France en terme d'auditeurs (RTL), un éditorialiste employait le mot de "plantes vertes" pour parler des pays comme la France qui n'ont pas de vrai mot à dire face à la crise économique internationale et des responsables politiques de notre pays.
C'est ce décalage entre les annonces et la réalité qui fait naître l'actuelle colère. Les annonces font vivre l'espoir. Puis les jours passent et rien ne change ; d'où le sentiment d'avoir été trompé.
La sortie de crise ne sera pas sans impact sur les élus locaux et nationaux Français de tous bords politiques.
En 1986, Jacques Chirac avait conduit une très belle campagne conçue par Bernard Brochand sur le thème du "vivement demain". Il incarnait alors le dynamisme avec une jeune garde composée de Michel Noir, Alain Juppé, Alain Carignon, Jacques Toubon ... qui étaient à ses côtés sur de très belles affiches de 4 m x 3 m.
En 2007, la victoire de Nicolas Sarkozy a d'abord été l'échec de Jacques Chirac. Nicolas Sarkozy était devenu le marqueur des échecs d'un pouvoir qu'il partageait mais dont il était devenu le rebelle permanent.
L'actuelle popularité de Jacques Chirac est le marqueur des regrets des échecs de Nicolas Sarkozy qui choque l'opinion par des comportements individuels très éloignés des repères présidentiels classiques.
Dans la crise tout particulièrement, l'opinion attend davantage d'écoute, davantage de respect quant à l'application des engagements pris, davantage d'union.
L'agglo Grenobloise a beaucoup de retard dans la mise en place des services à la personne. C'est un secteur très développé dans d'autres géographies nationales mais aussi à l'étranger. Ce retard est particulièrement dommageable au moment où l'Etat renforce ses aides dans ce domaine dans le cadre du plan de relance.
Laurent Wauquiez, dynamique Secrétaire d'Etat à l'Emploi, a beaucoup agi pour ce secteur d'activité. C'est l'un des rares Ministres à consacrer autant de temps au terrain et à vérifier ainsi, Département par Département, les avancées en la matière.
La mondialisation dépossède les élus locaux de toute marge réelle de négociation. Faute d'intermédiaire crédible (voir vidéo ci-dessous en cliquant sur le lien Dauphiné Libéré en bas du billet), une nouvelle conscience de classe naît. L'actuelle crise dégage une double caractéristique :
* elle paraît excessivement déshumanisée,
* le fort agit à sa guise, comme il veut, s'émancipant des clivages habituels entre le bien et le mal.
C'est ce dernier volet qui produit l'effet le plus dévastateur.
Face à cette situation, l'individu estime que l'amélioration de sa situation ne peut que résider dans le résultat d'actions collectives. Pendant des décennies, la société libérale avait multiplié les éfforts pour installer un climat selon lequel le capitalisme portait un rôle "bienfaisant" d'une richesse certes mal distribuée mais distribuée quand même. L'actuelle crise casse cette image. Quand la table du banquet n'est plus assez garnie pour accueillir de nombreux invités, les exclus ont tendance à vouloir renverser la table. C'est le phénomène compréhensible auquel nous assistons. L'absence de réseaux intermédiaires ne peut qu'accentuer un rapport violent et imprévisible.
Le 1er avril, lors de la réunion de Dominique de Villepin dans une annexe de l'Assemblée Nationale, plusieurs points ont attiré mon attention. Il y a des moments où l'intéressé paraît prêt à "fendre l'armure" et évoquer des réformes indispensables pour notre pays. C'est le cas tout particulièrement de l'information qui, en France, ne relève pas d'une démocratie moderne. Quelques mois auparavant, Dominique de Villepin avait exposé ses remarques en la matière (voir vidéo ci-dessous).
Le récent avis du Conseil d'Etat sur la prise en compte du temps de la parole présidentielle montre, si besoin était, que sur le plan national des critères existent même s'ils peuvent être contestés. Mais sur le plan local, aucun critère d'équilibre n'existe. Dans de nombreux cas, l'opposition représente 45 à 48 % de l'opinion. Ce pourcentage est promis au néant entre deux scrutins. La réforme de l'information est l'une des nombreuses réformes pas engagée par le pouvoir à tort quand on constate la perte d'énergie consacrée par exemple à la récente loi avortée sur les téléchargements illégaux sur Internet.