C'est face à la mort que "l'esprit village" montre toute sa beauté. Chaque année me conforte dans cet ancien sentiment. Ce sentiment est né à Grenoble avec l'enterrement de mon grand-père maternel. Avoir des difficultés pour accéder à l'Eglise St Bruno un jour de fin de marché. Se retrouver peu nombreux dans une Eglise immense. Avoir un prêtre qui prononce un rappel de vie très anonyme. Tout cela tranchait terriblement avec ce que j'avais toujours connu à St Paul de Varces dans des circonstances identiques : une Eglise pleine. Un prêtre (le Père Quendoz) qui prenait son temps et racontait tous les souvenirs de vie en commun. Et tous ces visages présents par vraies solidarité et tristesse.
Les années ont passé. Tous ces sentiments ont été confortés. J'ai connu 4 cimetières pour des raisons familiales. A Lyon, il m'est arrivé de m'y perdre. A Grenoble, je suis stupéfait par le nombre de tombes peu ou mal entretenues. A Moulin Vieux, la chaleur de cet endroit fermé où tout est entretenu de façon très solidaire pour les familles éloignées. Et à St Paul de Varces, la chaleur des personnes qui se connaissent. Les jours qui précèdent le 1er novembre, les rencontres sont alors nombreuses. La gentillesse est omniprésente. L'entre-aide parfaite. C'est le cimetière qui m'est le plus précieux puisque mes parents y reposent. Je prends souvent le temps de m'y rendre. Je suis capable de mettre un visage sur près de 2 / 5 des tombes : des instants de vie sur 50 ans de vacances puis d'habitation. Revoir les drames des accidents de jeunes, repenser aux confidences d'anciens dans les derniers moments, repenser aux moments joyeux de membres de ma famille ... C'est à la fois triste et serein. Preneur d'énergie et donneur de sagesse.
Mais surtout, c'est tout sauf ... anonyme ! Ce qui est le plus bel hommage à chacun : toujours vivre dans les mémoires.
Quel échec des villes que d'avoir perdu cet "esprit village" ne serait-ce que dans le fonctionnement des quartiers. Une disparition qui explique beaucoup de la violence urbaine.