La disparition de Sophie Huet doit être l'occasion de rappeler ce qui fut l'une de ses priorités : le respect du réel. En novembre 2006, Sophie Huet avait été la première femme élue à la présidence de l'Association des journalistes parlementaires (AJP), fondée à la fin du XIXe siècle. Elle avait été réélue à plusieurs reprises à la tête de cette association de plus de 200 membres. La connaissant depuis plus de 30 ans et m'entretenant souvent avec elle, ce qui me marquait toujours c'était son honnêteté implacable sur un point précis : la réalité des faits. Une fois la réalité des faits connue, l'interprétation des faits relève ensuite de la liberté de chacun. Mais établir la réalité des faits relève d'un vrai travail professionnel. De façon générale, le travail des journalistes en France n'est pas assez reconnu ni considéré. Il n'y a pas de démocratie saine sans des journalistes indépendants de grande qualité. Considérer le travail des journalistes, c'est aussi rémunérer de façon valorisante ce métier. C'est ne pas jeter le journaliste avec l'information qui dérange. Aujourd'hui, il est beaucoup question de la violence à destination des élus mais pourquoi ne pas évoquer aussi la violence de déclarations d'élus à destination de citoyens ou celle de citoyens et d'élus à destination de journalistes. La violence dans le débat public ne naît jamais du jour au lendemain. C'est une route qui a toujours des origines lointaines. Sophie Huet montrait, si besoin, combien l'essentiel était d'abord la capacité et la volonté à bien raisonner. Et surtout respecter les faits, ce qui est toujours le socle solide incontournable d'une part de vérité. Avec beaucoup de tristesse.