L'affiche ci-dessus est celle qui a toujours gardé ma préférence. C'est celle qui a lancé ma campagne cantonale d'octobre 1988. Mitterrand vient d'être réélu en mai. La gauche a connu des législatives triomphantes en juin. Et je candidate dans un canton à gauche depuis la Libération qui est réputé pour appartenir à la "banlieue rouge inexpugnable" (Fontaine, St Martin d'Hères, Echirolles et ... Pont de Claix). Quelques mois plus tard, je gagne ce canton avec plusieurs centaines de voix d'avance à l'issue d'une campagne très sportive. Qu'est ce qui a rendu cette victoire possible ? D'abord, la possibilité de rencontrer les électeurs. Nous avons effectué un porte à porte méthodique : 12 500 foyers visités. Le contact direct. Les yeux dans les yeux. Main à main. Impossible aujourd'hui, il faut une clef ou un code pour entrer dans les immeubles. Et en cas d'entrée, par peur, les portes ne s'ouvrent plus. Ensuite, la participation civique avec des réunions très fréquentées. Les citoyens croyaient à l'engagement. A son utilité. A sa nécessité. Les questions étaient nombreuses. Aujourd'hui, quand j'observe les compte-rendus de réunions comparables, peu de monde. Et dans le texte, un défaitisme généralisé sur le thème du "à quoi ça sert ? Est-ce possible ? ...". Enfin, à l'époque, la confiance dans la capacité à faire. Aujourd'hui, c'est une complexité de tout où même la meilleure bonne volonté peine à passer aux actes face à des obstacles multiples : un texte, un contrôle, un partage de compétences, des moyens financiers limités, des recours contentieux probables ... En 30 ans, le contexte est méconnaissable. Que sera-t-il dans 30 ans ? Ce qui est sûr c'est que si les tendances actuelles demeurent, le paysage déjà très préoccupant sera dramatique. Un constat qui montre, si besoin était, que c'est bien l'actuel système qu'il faut changer. Car la crise systémique est installée, toujours plus grave l'année suivante ....
Excellent regard dans le rétroviseur.
Toutefois pour tempérer votre nostalgie (et la mienne, nous devons être peu ou prou de la même génération), cette époque était aussi celle où nous étions nombreux à croire (voire à détester) dans des idéologies, le plus souvent totalement décollées de la réalité.
En 1988, ce monde idéologique était en train de disparaître.
Quelque part, les deux dates symboliques de 1981 élection de Mitterrand et 1989 chute du mur marquent ce très net tournant.
Autre écart important, internet n'avait pas émergé dans le grand public. Le transformation digitale balbutiait.
Rédigé par : Didier Lebouc | 31 décembre 2017 à 10:02