En 2017, Emmanuel Macron n'a pas gagné contre le système politique mais parce qu'il avait su communiquer pour ancrer l'image qu'il était en dehors du système politique : pas de mandat électif antérieur, démission d'une fonction, pas de parti ... Il a alors construit sa campagne presque sur du copier - coller avec les campagnes d'Obama 2008 et 2012 sur les méthodes et même sur les gestuels comme cette expression de refus des sifflets des concurrents. Obama avait eu le même socle en 2008. Il n'était pas contre le système mais en dehors du système ce que donnait comme label sa couleur de peau. Il y a désormais un point de ressemblance non recherchée entre les deux qui pourrait rapidement se formaliser : la radicalité succède à la modération. Obama était un modéré. Trump lui a succédé. Macron est un modéré. Or actuellement en France on assiste aux mêmes effondrements des boucliers traditionnels de la modération comme ce fut le cas sous Obama de novembre 2010 à fin 2015. La violence des mots gagne du terrain chaque jour. Les contestations permanentes se multiplient. Et surtout la perte de confiance dans les médias comme pôle d'équilibre du système de pouvoir. En France, quand Elise Lucet dénonce le copinage des journalistes et des politiques du système, elle porte un coup fort de l'intérieur du système. Quand Brut lève 10 M€ cette semaine pour une "information alternative", c'est un marqueur qui mérite l'intérêt. Quand les vidéos qui font le buzz sont celles sur des journalistes décriés parce qu'ils approuvent de la tête la déclaration d'un interviewé, c'est un autre signe. Quand des faits objectivement établis sont niés avec froideur, c'est aussi un marqueur important. Toutes ces étapes avaient été franchies aux Etats-Unis de 2010 à 2016 avant de donner naissance au trumpisme. Trump est le produit de ce climat, de ces faits, de ces réalités progressivement installées. La France est désormais objectivement sur le même chemin. Une réalité à méditer.
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