Pendant des décennies, l'un des socles de la sagesse collective était la formule : tout ce qui est excessif est insignifiant. Citation prêtée à Talleyrand. L'idée de fond : ce qui est sérieux demande de la modération. Ce qui était excessif devrait susciter de l'indifférence, voire de l'inquiétude. Depuis près de 5 ans, l'opinion moderne vit au rythme du tout ce qui est excessif devient signifiant. Pire encore, il faut que ce soit excessif pour être signifiant. L'opinion est ainsi engagée dans une course accélérée au toujours plus excessif dans tous les domaines. Les mots doivent être forts, violents pour devenir ... signifiants. Les actes doivent porter des symboles forts pour mériter l'attention. Et la liste pourrait continuer longtemps. Donald Trump est le produit de ce climat. Si le climat avait été à la modération, il n'avait aucun espace. Ce qui est très préoccupant, c'est que ce rythme s'auto-alimente pour faire vivre une violence permanente croissante. C'est fatiguant à ce point. Pour ce qui me concerne, ce rythme m'agresse. Il me donne envie de décrocher par souci de protection. La raison élémentaire conduit à se demander jusqu'où ce rythme peut aller ? Quelles limites ? Quelles conséquences sur la mentalité collective ? Ce serait agréable dans ces circonstances d'entendre des voix nombreuses effectuer un rappel à la modération, aux nuances, au calme. Autant de critères qui sont quand même les signes durables des décisions sérieuses.
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