La fin du "Just do it". Le slogan de Nike, celui qui a contribué au succès de cette marque, c'était le symbole du "oser", "ne pas avoir peur", bref la "révolution personnelle" qui autorise la différence. Aujourd'hui, l'essentiel ne semble plus là. C'est presque l'opposé. Il faut suivre le nombre. Dans la foulée des européennes, des élus quittent un parti politique parce que ce parti ne fait plus nombre. Une émission devient sans intérêt si elle n'a pas fait de l'audience donc du nombre. Des idées s'imposent, même fausses, au motif qu'elles sont celles du grand nombre. Une "culture" qui donne d'ailleurs un impact nouveau aux sondages. Ils deviennent le véritable 1er tour en politique. Puisqu'il s'agit ensuite de voter pour l'un des deux capables d'arriver en tête, s'associer au nombre. Dans les affaires, même logique. Un produit devient compétitif quand il peut aligner son nombre de clients. A un moment donné, la "référence" commerciale suprême était "vu à la télé". Maintenant c'est "vu par 500 000 personnes". Les affaires sont menées par les clients du nombre. La politique est gagnée par les citoyens du nombre. Atmosphère surréaliste avec des standards très codés. Ceux qui s'en éloignent apparaissent souffrants, deviennent même suppliciés lorsqu'il s'agit du débat public : comment peuvent-ils encore ne pas penser comme le nombre ? Aux Etats-Unis ce culte du nombre a même donné naissance aux ... faux nombres sur les réseaux sociaux avec les comptes robotisés : faux noms voués à créer du nombre donc à creuser le sillon pour ceux qui vont vouloir s'ajouter. Le nombre c'est la mélodie du moment. La "musique" que chacun aime co-écrire. Les mélodies passent vite. Dans une telle ambiance, difficile d'imaginer que les sujets sérieux puissent trouver des solutions. C'est le règne du ripolinage. D'ailleurs sur le fond, face aux problèmes réels de fond, qu'est ce qui change réellement actuellement ? Des mots pour rebaptiser une situation. Mais au-delà ? Les mêmes problèmes restent et s'aggravent. La mélodie du nombre a ses limites.
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