Le "deuil blanc" c'est quoi ? Un préalable s'impose immédiatement : ce n'est pas une différenciation de plus qui serait catégorisée par une couleur de peau. C'est une notion médicale : la personne est vivante mais la présence physique ne peut malheureusement masquer l'absence cognitive et psychologique. C'est plus simplement le
deuil d'une relation telle qu'elle existait dans la vie d'avant. L'autre est toujours là, vivant mais différent. Le deuil blanc est désormais partout dans la vie collective : les valeurs existent formellement mais on ne les reconnait plus. La liberté est assaillie par une insécurité voisine possible à chaque instant sous ses visages les plus lugubres. L'égalité est fragmentée par des services publics à la peine qui ne remplissent plus leurs vocations initiales (hôpital, enseignement, justice ...). L'habitat du "vivre ensemble" se fracasse sur des quartiers qui se ghettoïsent. L'espoir d'un avenir meilleur pour les nouvelles générations se heurte aux crises qui pointent dans presque chaque domaine. Mais c'est aussi le deuil blanc de comportements individuels qui hier étaient pourtant si agréables. Le "bonjour" symbole de politesse et de courtoisie se fait de plus en plus rare. S'érode l'esprit de transmission qui marquait le respect dans la durée des racines tant familiales que géographiques donnant une force intérieure particulière comme si une vie ne s'arrêtait pas à une date de décès. Et là aussi, la liste pourrait être longue de tous ces repères d'avant qui disparaissent de façon quasi anodine et en quantité peu imaginable si toutes les paroles se libéraient. Le plus surprenant, c'est que ces disparitions se produisent dans le calme et dans la résignation traduisant un mélange de lassitude et de honte. Une réalité qui dépasse tous les clivages éventuels de classes sociales, de niveaux de formations, d'ancrages religieux ou pas, voire même d'apparences tant des comportements peuvent échapper aux sentiments premiers d'apparences supposées "rassurantes". Est-il encore possible de sortir de tous ces deuils blancs ?
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